Frédéric Llosa – Directeur Artistique & Fondateur de llOSA: Directeur artistique depuis une vingtaine d’années, mes débuts de styliste se sont faits en 1998 au sein d’une petite marque de glisse urbaine, à l’âge d’or du streetwear. Autodidacte et passionné, j’ai plus ou moins 20 ans d’expérience dans l’Active wear et le prêt-à-porter masculin en tant que designer. J’exerce toujours mes activités de consultant, notamment pour la jeune marque de sport française AERTH et l’enseigne habilleur homme DUKE STORE. J’ai notamment été Directeur Artistique de l’agence Inmouv, filiale Sport de Carlin group où l’occasion m’a été donnée d’aiguiser mon œil sur la prospective et les tendances.
F.L : Depuis mon adolescence, j’ai toujours aimé le vêtement, la « sape » diront certains. Je me définirais comme un enfant du streetwear des nineties. En 2020, à l’aube de mes 40 ans, j’ai ressenti l’émergence d’un sportswear urbain d’un nouveau genre, plus élégant, plus ouvert, moins codé. Dès lors, je me suis attelé à réconcilier plusieurs envies. Construire une marque qui correspondrait à un nouveau lifestyle, hybride, versatile. Nos moments de vie ne sont plus aussi cloisonnés qu’il y’a 20 ans. Ce désir, pour ne pas dire cette obsession de réinventer les basiques du vestiaire masculin me guide. Mon dessein : réunir douceur vibrante et élégance nonchalante.
F.L : La marque l l O S A est basée sur le concept du Tailored Motion. Entre passé fantasmé et futur alternatif, on invente un vestiaire rêveur où les savoir-faire du tailleur sont en mouvement. À l’heure de l’accélération digitale du monde, les productions l l O S A s’inspirent d’un mode de vie capsule où l’on s’autorise le temps d’une PAUSE. Les marques d’élégance citadine au confort structuré se révèlent au contact d’ergonomies naturelles. Disons qu’il s’agit vraiment d’un songe à l’uniforme de demain.
F.L : Ma philosophie du design reste simple et minimaliste. Je dirais que la rigueur du tailoring classique tutoie la souplesse du sportswear urbain. En résumé, | | O S A tend à parler à toutes les âmes en recherche d’un softwear exigeant.
F.L : Les sources d’inspiration sont quotidiennes et diverses bien sûr. J’ai toujours eu plus ou moins la tête dans les nuages. Je suppose que mon imaginaire a pu se nourrir d’univers graphiquement riches comme l’Heroic Fantasy, ou les anime. Bien sûr, le foisonnement des nouvelles architectures urbaines influence également ma vision créative. Je suis évidemment très fan des réalisations de Zaha Hadid. Un dernier point-clé de mon approche stylistique réside dans le travail sur la couleur. Chez Carlin, nous travaillons beaucoup sur les concepts chromatiques et leurs évolutions, je crois que cette question des palettes est centrale, notamment pour le vestiaire masculin pour lequel il reste, selon moi, encore beaucoup à faire.
F.L : Pas de client « rêvé » à proprement parler, je souhaite plutôt construire un vestiaire inspirant. Qui fait rêver. Disons que c’est plutôt l’idée d’une garde-robe ambivalente qui m’anime. Par exemple, les cols français très construits côtoient les rondeurs de manches japonisantes, le coton classique texturé s’associe aux fibres techniques recyclées, les plastrons tailleurs se traitent en matelassés ultra-confort. Une silhouette à l’intersection de 2 mondes : le formel et l’athleisure.
F.L : La matière, c’est clé. Une texture savamment choisie dit quelque chose de nous ! Je source la quasi totalité des mes tissus en Europe, auprès de Maisons italiennes, portugaises ou françaises. Je fabrique l’intégralité des drops à Paris, dans mon Atelier. J’ai eu la chance de rencontrer des artisans exceptionnels qui ont accepté de prendre du temps pour comprendre mes exigences et réaliser mon rêve de gosse. J’en profite pour les remercier ici.
F.L : Les mêmes problématiques que la majorité des autres créateurs : les tristement fameuses « MOQ » (Quantités minimum de commandes) qui nous poussent sans cesse à rationaliser nos créations. Mais ce n’est pas nouveau, c’est un beau challenge d’essayer de dépasser cela. J’aime prendre mon temps pour faire les choses bien. Je dirais que dans une course au marketing digital, il faut savoir rester serein et avancer pas à pas.
F.L : Quelques-uns oui. Pas mal de personnes issues de cercles créatifs ou sportifs y ont déjà trouvé leur compte. Souvent des personnes qui souhaitent se démarquer ou simplement s’affranchir des codes du prêt-à-porter masculin traditionnel. Plus généralement, des personnes en recherche d’un confort-chic contemporain.
F.L : L’ouverture d’une boutique en propre avec un atelier attenant pour tout maîtriser de A à Z, mais ça, c’est une autre histoire.
F.L : Vaste et difficile question. Un créatif a par essence en lui-même une constante insatisfaction. Mais c’est aussi ce qui le fait avancer. On a coutume de dire que le bonheur est déjà sur le parcours, et pas seulement au bout du chemin. Si je suis tout-à-fait honnête, je dirais que mon doux rêve serait de faire de l l O S A une marque globale mais respectueuse de ses valeurs.
Crédits photos : Antoine Guilloteau