La couleur:
notre ADN.

“L’internationalisation des tendances couleurs par les réseaux sociaux a émancipé les consommatrices de leurs références culturelles. C’est très flagrant en France où le noir était synonyme d’élégance, de minceur. Aujourd’hui, la couleur permet de réintégrer une clientèle qui se sentait exclue.”

“Chacun va défendre sa tendance. Il peut y avoir de la bagarre, parfois des emballements. Mais quand plusieurs personnes issues d’univers différents entrent en résonance, on sait qu’il se passe quelque chose. Ainsi, la mode des verts, apparus il y a quelques années déjà, qu’il a fallu pousser pour convaincre les commerciaux, ou ce rouge entré chez les cuisinistes il y a plus de quinze ans, un signe d’audace devenu aujourd’hui un standard. C’est une courbe. Il faut arriver avant qu’elle ne débute, voir qu’il y a une adoption, y croire, puis défendre notre intuition. Ensuite la courbe monte, ça se propage et ça devient une couleur de masse. Puis ça redescend. Comme le bordeaux dans le vestiaire masculin, devenu une couleur neutre. Mais dont nous observons maintenant les mutations douces.”

“Une couleur qui emballe est souvent une couleur en lien avec les matières de référence d’une marque. Les couleurs qui renvoient à une griffe de luxe historique découlent de son ADN. Je pense notamment à Burberry : la couleur beige de sa toile de trench est indissociable de son image. Et elle a été particulièrement bien gérée dans le temps. Ce tissu vient de l’univers de l’armée et sa nuance aurait pu être, peu à peu, rejetée pour sa symbolique. Or, Burberry a su faire évoluer la perception de cette teinte, la sortir de son environnement militaire, pour l’amener vers le streetwear, plus désirable aujourd’hui.”

“Il est venu contrebalancer le rose optimiste, effet coup de fouet, qu’on a beaucoup –voire trop- vu sur les saisons précédentes. Le lilas renouvelle le propos de la couleur et s’impose un peu comme la teinte défi de la saison. Car s’il se porte très facilement dans les pays anglo-saxons ou asiatiques, il est beaucoup moins plébiscité en France ou en Italie.”

“Des marques de sportswear chic anglo-saxonnes, telles que Polo Ralph Lauren ou Tommy Hilfiger cultivent depuis leurs débuts cette allure BCBG à l’américaine et continuent encore aujourd’hui d’impacter la garde-robe masculine dans le monde entier. Leur ADN ? Des matières cotonnières aux coloris très frais et pimpants où le rose, au même titre que le bleu marine ou le rouge, a toujours trôné, en maître du style. Dans l’univers du rose, la référence sporting n’est jamais loin, surtout pendant la quinzaine de Roland-Garros où le bermuda pink est devenu l’uniforme trendy des supporters de la balle jaune.”

“Cette poussée verte n’est pas seulement une affaire de mode. Elle s’intègre dans un mouvement qui regarde du côté du biomimétisme et vise à copier l’ingéniosité de la nature pour développer, par exemple, des designs plus écoresponsables.”

“Cette teinte, on la croisait beaucoup aux débuts des réseaux sociaux, notamment sur Instagram. C’est en fait le rose de la génération Y (celle née entre le début des années 80 et la fin des années 90, ndlr) qui, depuis, avait été supplanté par le jaune de la génération Z (née entre 1997 et 2010, ndlr). [...] Ce qui caractérise la nouvelle génération, c’est justement de récupérer les pires clichés pour les assumer et reprendre le contrôle."